Retour / Sommaire

 


L'intégralité de ce texte, voir "les Cahiers antispécistes"
http//www.cahiers-antispecistes.org/



la lutte pour l'égalité animale
les Cahiers antispécistes

 

Le mouvement de lutte pour l'égalité animale se fonde sur le principe suivant :

 

Les intérêts d'un animal, à ne pas souffrir et à vivre une vie heureuse et satisfaisante, importent autant, moralement, que les intérêts équivalents d'un être humain.

L'appartenance à l'espèce humaine ne confère aucune dignité particulière, ni de donne en soi de droits particuliers. L'espèce, pas plus que le sexe ou la race, n'est une catégorie éthiquement pertinente : nous combattons donc le spécisme, c'est-à-dire la discrimination fondée sur l'espèce.

Il découle en particulier de la position antispéciste que les pratiques millénaires par lesquelles les membres de notre espèce exploitent les autres animaux sont inacceptables. Le spécisme, c'est l'idéologie qui justifie l'exploitation et l'utilisation des animaux non humains de manières qui ne seraient pas admises si les victimes étaient humaines, sauf aux yeux des racistes ou des sexistes les plus extrêmes. Les animaux sont élevés et abattus pour nous fournir de la viande ; ils sont pêchés dans les mers pour notre consommation ; ils sont utilisés comme modèles biologiques pour nos intérêts scientifiques ; ils sont chassés pour notre plaisir sportif. Nous refusons et combattons ces pratiques, tout comme nous les refuserions et combattrions si les victimes en étaient humaines.

Nous refusons l'argument qui voudrait justifier ces pratiques sur la base de la moindre capacité intellectuelle des animaux non humains. Dès lors que l'on ne fait pas une telle distinction morale entre, par exemple, les humains normaux et les handicapés mentaux profonds - distinction qui permettrait par exemple aux premiers d'élever les seconds pour les abattre et manger leur chair - rien ne justifie de la faire à l'encontre des animaux non humains. Il ne s'agit pas d'accorder une égalité totale des droits aux animaux - accorder à une hirondelle le droit de fréquenter l'université, par exemple, n'aurait pas plus de sens que d'accorder à une femme le droit de pondre des oeufs ; il s'agit d'accorder aux intérêts de tout individu sensible la même considération, et de reconnaître les droits qui découlent de ces besoins. La conscience éthique dont sont capables la plupart des humains est source pour ceux-ci non de droits et de privilèges, mais de devoirs.

 

Nous pensons que l'antispécisme s'inscrit dans une tradition laïque, en rupture avec les modes de pensée religieuses qui marquent encore notre société. L'être humain n'est pas issu d'un acte divin de création séparée ; aucune différence ontologique fondamentale ne peut être liée à la notion d'espèce.

Pas plus que l'éthique ne consiste à obéir aux injonctions d'un dieu, elle ne doit être esclave d'un respect pour la « nature ». Les Cahiers antispécistes, plus clairement encore que Peter Singer et d'autres philosophes de la libération animale, posent la nécessité d'une rupture avec le mode de pensée écologiste. Nous refusons en particulier de confondre la libération animale avec la « défense » de la « nature » ou des « espèces ». La souffrance de chacune des centaines de millions de poules en batterie a autant d'importance que la souffrance de la dernière des baleines bleues.

Nous nous fondons principalement sur le développement d'une éthique utilitariste. L'utilitarisme peut se définir comme un hédonisme altruiste, qui voit comme valeur fondamentale le plaisir, le bonheur et la satisfaction des individus. Ce n'est pas au nom d'un quelconque ascétisme ou volonté de pureté personnelle que nous prônons le végétarisme, mais au nom du respect des intérêts d'autrui, en l'occurence des animaux non humains. Par ailleurs, notre conception de l'éthique n'a rien à voir avec la morale anti-sexuelle qui imbibe la religion et les traditions morales réactionnaires.

Nous pensons que la lutte de libération animale s'inscrit naturellement dans le contexte progressiste des luttes pour l'égalité. On ne peut être antispéciste et raciste ou sexiste, ni antispéciste et indifférent aux victimes humaines des injustices économiques.
Nous pensons en particulier que l'oppression dont sont victimes les animaux non humains, loin de constituer un phénomène marginal, représente un modèle central de domination sur lequel s'appuient les dominations intra-humaines. La lutte pour la libération animale implique une remise en cause fondamentale des mécanismes du mépris et de l'oppression.

La lutte contre le spécisme implique une révolution culturelle majeure, touchant à un grand nombre de domaines de la pensée et de la pratique humaines. Nous désirons encourager le développement de cette révolution dans tous les domaines possibles.

Si nous respectons le travail concret accompli par les associations de défense animale dans l'assistance à certains animaux individuels, nous estimons que leurs objectifs, de simple adoucissement de l'exploitation dont sont victimes les non-humains, n'ont rien à voir avec la libération animale. Nous pensons en particulier que la libération animale doit se démarquer clairement de l'idéologie souvent réactionnaire, chargée d'écologisme et de mysticisme, que diffuse le milieu de la défense animale.

Le mouvement de libération animale a acquis ses premières bases théoriques solides lors de la publication en 1974 par le philosophe australien Peter Singer du livre Animal Liberation - A New Ethics for Our Treatment of Animals (traduction française La Libération animale, Grasset, 1993).
Peter Singer, Le Mouvement de libération animale

Texte publié en 1991 aux Éditions F. Blanchon, qui résume les positions exposées dans La Libération animale.


L'intégralité de ce texte, voir "les Cahiers antispécistes"
http//www.cahiers-antispecistes.org/


Retour / Sommaire