Vichy et le sport
La défaite de juin 1940 est présentée par le Maréchal Pétain et par le gouvernement de Vichy comme la conséquence des errements de la République, encore aggravés par l’esprit de jouissance propre au Front populaire. " Nous avons à restaurer la France. Montrez-la au monde qui l’observe, à l’adversaire qui l’occupe, dans tout son calme, tout son labeur et toute sa dignité. Notre défaite est venue de notre relâchement. L’esprit de jouissance détruit ce que l’esprit de sacrifice a édifié. C’est à un redressement intellectuel et moral que d’abord je vous convie. " déclare le maréchal Pétain dès le 25 juin 1940, qui ajoute peu après : " Il y avait à la base de notre système éducatif une illusion profonde : c’était de croire qu’il suffisait d’instruire les esprits pour former les cœurs et pour tremper les caractères … La formation d’une jeunesse sportive répond à une partie de ce problème. "Le sport et l’éducation physique ont donc un grand rôle à jouer dans la tâche de redressement. Le 7 août 1940, Jean Borotra est nommé commissaire général à l’Éducation générale et aux Sports avec pour mission de développer l’éducation physique à l’école. Dès la rentrée de 1940, l’horaire doit être porté à 9 heures par semaine. En 1943, le diplôme de professeur d’éducation physique et sportive et du certificat d’aptitude au professorat d’éducation physique et sportive réduit le fossé qui séparait les professeurs d’E.P.S. de leurs collègues de l’enseignement général.
Parallèlement, une campagne de propagande est lancée : " le terrain de sport est un champ de santé ". Elle développe tous les thèmes de la Révolution nationale : le retour à la terre, l’eugénisme, la lutte contre les fléaux sociaux : la paresse, l’alcoolisme…
Les ambitions affichées du régime doivent cependant être abandonnées rapidement, faute de moyens financiers d’une part et à cause de la malnutrition et de la faiblesse physique de la population scolaire. La construction de terrains de sport s’est souvent limitée à des acquisitions foncières qui ont permis un développement rapide des équipements sportifs après la guerre.
Mais le gouvernement de Vichy ne s’est pas arrêté à une politique de développement des activités physiques, il s’est aussi attaqué aux institutions sportives et plus particulièrement aux organisations laïques. En 1942, la ligue de l’enseignement, l’U.F.O.L.E.P. et l’U.S.E.P. sont dissoutes, pour assurer un meilleur contrôle idéologique des cadres de l’éducation physique.